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BATAILLE DE POITIERS

revues royales, et tendaient la main au payeur. Sous Philippe-de-Valois, le chevalier s’était contenté de dix sous par jour. Sous Jean, il en exigea vingt, et le seigneur banneret en eut quarante. Cette dépense énorme obligea le roi Jean d’assembler les États plus souvent qu’aucun de ses prédécesseurs. Les nobles contribuèrent ainsi, indirectement et à leur insu, à donner une importance toute nouvelle aux États, surtout au Tiers-État, à l’État qui payait.

Déjà, en 1343, la guerre avait forcé Philippe-de-Valois de demander aux États un droit de quatre deniers par livre sur les marchandises, lequel devait être perçu à chaque vente. Ce n’était pas seulement un impôt, c’était une intolérable vexation, une guerre contre le commerce. Le percepteur campait sur le marché, espionnait marchands et acheteurs, mettait la main à toutes les poches, demandait (comme il arriva sous Charles VI) sa part sur un sou d’herbe. Ce droit, qui n’est autre que l’alcavala espagnol, alors récemment établi à l’occasion des guerres des Maures, a tué l’industrie de l’Espagne. Philippe de Valois promit en récompense de frapper de bonne monnaie, comme du temps de saint Louis.

Nouveaux besoins, nouvelles promesses. Dans la crise de 1346, le roi promit aux États du Nord de restreindre le droit de prise « aux nécessités de son hôtel, de sa chère compagne la reine et de ses enfants ». Il supprima des places de sergents, abolit des juridictions opposées entre elles, retira les lettres de répit par lesquelles il permettait aux seigneurs d’ajourner