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HISTOIRE DE FRANCE

si monseigneur le duc ou le roi de Navarre ne se tient à ce qui est décidé, nous nous déclarerons contre lui. »

Il n’y avait pas à dire non. Le dauphin promettait gracieusement. Puis il faisait répondre par les commandants et capitaines qu’ayant reçu leurs places du roi, ils ne pouvaient les rendre sur un ordre du dauphin.

Celui-ci, au milieu d’une ville ennemie, n’avait d’autre moyen de se procurer quelque argent que par de nouvelles altérations des monnaies (22, 23 janvier, 7 février). Les États, réunis le 11 février, lui firent prendre le titre de régent du royaume, sans doute afin d’autoriser tout ce qu’ils ordonneraient en son nom. Peut-être aussi la commission des trente-quatre, choisie sous l’influence de Marcel, mais composée en majorité de nobles et d’ecclésiastiques, voulait-elle rendre force au dauphin contre les bourgeois de Paris.

Un événement tragique avait porté au comble le mauvais vouloir de ceux-ci. Un clerc, apprenti d’un changeur, nommé Perrin Marc, ayant vendu, pour le compte de son maître, deux chevaux au dauphin et n’étant pas payé, arrêta dans la rue Neuve-Saint-Merry Jean Baillet, trésorier des finances. Le trésorier refusait de payer, sans doute sous prétexte du droit de prise. Une dispute s’éleva. Perrin tua Baillet, et se jeta à quartier dans Saint-Jacques-la-Boucherie. Les gens du dauphin, Robert de Clermont, maréchal de Normandie, Jean de Châlons et Guillaume Staise, prévôt de Paris, s’y rendirent, forcèrent l’asile, traînèrent