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EXPULSION DES ANGLAIS

tout. Ils trouvèrent encore une grande armée à donner à leur capitaine d’Aquitaine. Débarqué à Calais, Lancastre traversa la France sans trouver rien à faire, ni bataille à livrer, ni ville à prendre : tout était fermé, en défense. Les Anglais ne purent rançonner que quelques villages. Tant qu’ils furent dans le Nord, les vivres abondaient : « Ils dînaient tous les jours splendidement. » Mais, dès qu’ils furent dans l’Auvergne, ils ne trouvèrent plus ni vivres ni fourrages. La faim, les maladies firent dans l’armée des ravages terribles. Ils étaient partis de Calais avec trente mille chevaux ; ils arrivèrent à pied en Guyenne : c’était une armée de mendiants ; ils demandaient de porte en porte leur pain aux Français[1].

L’arrivée de cette armée à Bordeaux eut pourtant un effet. Les Gascons, qui n’étaient plus Anglais et qui n’étaient pas pressés de devenir Français, s’enhardirent, et déclarèrent au connétable de France qu’ils feraient hommage à celui des deux partis qui battrait l’autre. Il fut convenu qu’une bataille serait livrée le 15 avril à Moissac. Puis les Anglais l’ajournèrent au 15 août ; puis ils demandèrent qu’elle eût lieu près de Calais. Les actes n’ayant pas été conservés, on ne sait trop ce qui fut convenu. Au 15 août, les Français se rendirent à Moissac, s’y rangèrent en bataille, attendirent, et ne virent personne. Alors ils forcèrent les Gascons de tenir parole. Il ne resta aux Anglais en France que Calais, Bayonne et Bordeaux (1374).

  1. App. 257.