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HISTOIRE DE FRANCE

Les princes, ne pouvant abandonner le prévôt, répondaient aux universitaires qu’ils pouvaient aller dépendre et inhumer les corps, et qu’il n’en fût plus parlé. Mais ce n’était pas leur compte ; ils voulaient que le prévôt fondât deux chapelles, qu’il fût déclaré inhabile à tout emploi, qu’il allât dépendre lui-même les deux clercs et les inhumât de ses mains, après les avoir baisés, ces cadavres déjà pourris et infects, à la bouche[1].

Tout le clergé soutint l’Université. Non seulement les classes furent fermées, mais les prédications suspendues, et cela dans le saint temps de Noël, pendant tout l’Avent, tout le carême, à la fête même de Pâques. Déjà, l’année précédente, les prédications et l’enseignement avaient été suspendus aux mêmes époques, pour ne pas payer la décime. Ainsi le clergé se vengeait aux dépens des âmes qui lui étaient confiées, il refusait au peuple le pain de la parole, dans le temps des plus saintes fêtes, parmi les misères de l’hiver, lorsque les âmes ont tant besoin d’être soutenues. La foule allait aux églises, et n’y trouvait plus de consolation[2]. L’hiver, le printemps, passèrent ainsi silencieux et funèbres.

Le duc d’Orléans avait beaucoup à craindre ; le peuple s’en prenait de tout à lui. Son parti s’affaiblissait. Il reçut un nouveau coup par la mort de son ami

  1. « Post oris osculum. » (Religieux.)
  2. En récompense, les ménétriers semblent s’être multipliés. Leur corporation devient importante. Elle fait confirmer ses statuts. (Portef. Fontanieu, 24 avril 1407.)