tèrent plutôt dans l’inconséquence ; dans leur plus grande passion, ils ne furent jamais aveuglés. D’Ailly et Clémengis écrivirent contre le pape ; puis, quand ils craignirent d’avoir ébranlé l’Église même, ils se rallièrent à la papauté. Gerson attaqua le duc d’Orléans pour ses exactions ; puis il pleura l’aimable prince, il fit son oraison funèbre.
Au-dessous de ces illustres docteurs, en qui le bon sens et le bon cœur firent toujours équilibre à la dialectique, se trouvaient les vrais scolastiques, les subtils, les violents, qui paraissaient les forts, les grands hommes du temps qui n’ont pas été ceux de l’avenir. Ceux-ci étaient généralement plus jeunes que Gerson, qui lui-même était disciple de Pierre d’Ailly et de Clémengis. Ces violents étaient donc la troisième génération dans cette longue polémique, d’autant plus violents qu’ils y venaient tard. Ainsi la Constituante fut dépassée par la jeune Législative, celle-ci par la très jeune Convention.
Ces hommes n’étaient pas des misérables, des hommes mercenaires, comme on l’a dit, mais généralement de jeunes docteurs, estimés pour la sévérité de leurs mœurs, pour la subtilité de leur esprit, pour leur faconde. Les uns étaient des moines comme le cordelier Jean Petit, comme le carme Pavilly, l’orateur des bouchers, le harangueur de la Terreur de 1413. Les autres furent les meneurs des conciles, et marquèrent comme prélats ; tels furent, au concile de Constance, Courcelles et Pierre Cauchon, qui déposèrent le pape Jean XXIII et jugèrent la Pucelle.