conseil, répondant gaiement : « S’il faut pour gouverner des gens pris dans les trois États, j’en suis et je retiens place dans les rangs de la noblesse. »
L’hiver et la faim forcèrent pourtant les princes à accepter l’expédient que se proposait l’Université. Il donnait satisfaction à leur gloriole. Le duc de Bourgogne consentait à s’éloigner en même temps qu’eux. Le conseil devait être composé de gens qui jureraient de n’appartenir ni à l’un ni à l’autre. Le dauphin était remis à deux seigneurs nommés, l’un par le duc de Berri, l’autre par le duc de Bourgogne. (Paix de Bicêtre, 1er nov. 1410.)
Au fond, celui-ci restait maître. Il avait l’air de quitter Paris, mais il le gardait. Son prévôt, Desessarts, qui devait sortir de charge, y fut maintenu. Le dauphin n’eut guère autour de lui que de zélés Bourguignons. Son chancelier était Jean de Nyelle, sujet et serviteur du duc de Bourgogne ; ses conseillers, le sire de Heilly, autre vassal du même prince, le sire de Savoisy, qui avait embrassé récemment son parti, Antoine de Craon, de la famille de l’assassin de Clisson, le sire de Courcelles, parent sans doute du célèbre docteur qui fut l’un des juges de la Pucelle, etc.
Le duc de Bourgogne s’était retiré, conformément au traité. Il n’armait pas et ses adversaires armaient. Les torts paraissaient être du côté des amis du duc d’Orléans. Le conseil du dauphin, pour mieux faire croire à son impartialité, s’adjoignit le parlement, quelques évêques, quelques docteurs de l’Université, plusieurs notables bourgeois, et, au nom de cette assemblée, il