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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

rien d’absurde, lorsque l’État, se trouvant encore renfermé dans la personne du roi, languissait de ses infirmités, était fol de sa folie.

Le carme Eustache de Pavilly s’était particulièrement chargé d’administrer au jeune prince cette médecine morale, n’y épargnant nul remède héroïque. Il lui disait en face, par exemple : « Ah ! Monseigneur, que vous êtes changé ! tant que vous vous êtes laissé éduquer et conduire au bon gouvernement de votre respectable mère, vous donniez tout l’espoir qu’on peut concevoir d’un jeune homme bien né. Tout le monde bénissait Dieu d’avoir donné au roi un successeur si docile aux bons enseignements. Mais, une fois échappé aux directions maternelles, vous n’avez que trop ouvert l’oreille à des gens qui vous ont rendu indévot envers Dieu, paresseux et lent à expédier les affaires. Ils vous ont appris, chose odieuse et insupportable aux bons sujets du roi, à faire de la nuit le jour, à passer le temps en mangeries, en vilaines danses et autres choses peu convenables à la majesté royale. »

Pavilly l’admonestait ainsi, tantôt en présence de la reine, tantôt devant les princes. Une fois, il lui fit entendre tout un traité complet de la conduite des princes[1], examinant dans le plus grand détail toutes les vertus qui peuvent rendre digne du trône, et rappelant tous les exemples des vertus et des vices que l’histoire, surtout l’histoire de France, pouvait pré-

  1. « Ex quibus posset componi tractatus valde magnus. » (Religieux.)