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HISTOIRE DE FRANCE

L’Angleterre avait reproché à la France, pendant un siècle, d’exploiter l’Église, de détourner les biens ecclésiastiques à des usages profanes ; elle s’était chargée de mettre fin à un tel scandale, l’Église et la royauté anglaises s’étaient unies pour cette œuvre, et elles avaient en effet écrasé la France… Cela fait, où en étaient les vainqueurs ? au point où ils avaient trouvé les vaincus, dans les mêmes nécessités dont ils leur avaient fait un crime ; mais ils avaient de plus la honte de la contradiction. Si le roi des prêtres ne touchait au bien des prêtres, il était perdu. Ainsi commençait à apparaître tel qu’il était en réalité, faible et ruineux, ce colossal édifice dont le pharisaïsme anglican avait cru sceller les fondements du sang des lollards anglais et des Français schismatiques.

Henri V ne voyait que trop clairement tout cela ; il n’espérait plus. Rouen lui avait coûté une année, Melun une année, Meaux une année. Pendant cet interminable siège de Meaux, lorsqu’il voyait sa belle armée fondre autour de lui, on vint lui apprendre que la reine lui avait mis au monde un fils au château de Windsor : il n’en montra aucune joie, et, comparant sa destinée à celle de cet enfant, il dit avec une tristesse prophétique : « Henri de Monmouth aura régné peu et conquis beaucoup ; Henri de Windsor régnera longtemps et il perdra tout. La volonté de Dieu soit faite ! »

On conte qu’au milieu de ses sombres prévisions, un ermite vint le trouver et lui dit : « Notre-Seigneur, qui ne veut pas votre perte, m’a envoyé un saint homme, et voici ce que le saint homme a dit : « Dieu