La honte était grande pour le royaume, le deuil universel. Il y avait peu de nobles familles qui n’eussent perdu quelqu’un. On n’entendait aux églises que des messes des morts. On ne voyait que gens en noir.
À peine on quittait ce deuil, que le roi et le royaume en eurent un autre à porter. Le gendre de Charles VI, le roi d’Angleterre Richard II, fut, au grand étonnement de tout le monde, renversé en quelques jours par son cousin Bolingbroke, fils du duc de Lancastre. Richard était ami de la France. Sa terrible catastrophe et l’usurpation des Lancastre nous préparaient Henri V et la bataille d’Azincourt.
Nous parlerons ailleurs, et tout au long, de cette ambitieuse maison de Lancastre, les sourdes menées par lesquelles, ayant manqué le trône de Castille, elle se prépara celui de l’Angleterre. Un mot seulement de la catastrophe.
Quelque violent et aveugle que fût Richard, sa mort fut pleurée. C’était le fils du Prince Noir ; il était né en Guyenne, sur une terre conquise, dans l’insolence des victoires de Créci et de Poitiers ; il avait le courage de son père, il le prouva dans la grande révolte de 1380, où il comprima le peuple, qui voulait faire main basse sur l’aristocratie. Il était difficile qu’il se laissât faire la loi par ceux qu’il avait sauvés, par les barons et les évêques, par ses oncles, qui les excitaient sous main. Il entra contre eux tous dans une lutte à mort ; provoqué par le Parlement impitoyable, qui lui tua ses favoris, il fut à son tour sans pitié ; il fit tuer son oncle Glocester, et chassa le fils de son