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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 6.djvu/12

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HISTOIRE DE FRANCE

Aux premiers, le roi tout d’abord ôta la Normandie, le Poitou, la Guyenne, c’est-à-dire la côte, la facilité d’appeler l’Anglais. Quant au duc de Bourgogne, son tuteur officieux, il commença par faire arrêter un Anglais[1] qui venait, sans sauf-conduit royal, négocier avec lui. Lui-même, il fit bientôt alliance avec les intraitables ennemis de la maison de Bourgogne, avec les Liégeois.

Les grands pleurèrent le feu roi, ils se pleuraient eux-mêmes. Les funérailles de Charles VII étaient leurs funérailles[2] ; avec lui finissaient les ménagements de l’autorité royale. Le cri : Vive le Roi ! crié sur le cercueil, ne trouva pas beaucoup d’écho chez eux. Dunois, qui avait vu et fait tant de guerres et de guerres civiles, ne dit qu’un mot à voix basse : « Que chacun songe à se pourvoir. »

Chacun y songeait, sans le dire, mais en prenant au plus vite les devants près du roi, en laissant là le mort pour le vivant. Celui qui galopa le mieux fut le duc de Bourbon, qui avait en effet beaucoup à perdre, beaucoup à conserver[3] ; il lui manquait l’épée de connétable, il croyait l’aller prendre. Ce qu’il trouva,

  1. C’était le duc de Somerset qui débarquait avec toute une charge de lettres pour les grands du royaume. Il fut pris à table par l’habile Jean de Reilhac, qui avait rencontré, dépassé le messager du comte de Charolais ; quand ce messager arriva, tout ce qu’il obtint de Reilhac, ce fut de saluer Somerset. App. 1.
  2. Tanneguy Duchâtel (neveu de l’autre), ne trouvant pas la cérémonie digne de son maître, y mit du sien trente mille écus. App. 2.
  3. De Bordeaux jusqu’en Savoie, il était chez lui. Duc de Bourbon et d’Auvergne, comte de Forez, seigneur de Dombes, de Beaujolais, etc., il était de plus gouverneur de Guyenne. Un de ses frères était archevêque de Lyon, un autre évêque de Liège.