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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 6.djvu/23

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LOUIS XI

il tenait le royaume… Le roi ne désespéra pas ; il s'addressa au fils, au favori, il tâta le sire de Croy, le ceinte de Charolais. Il offrit, donna des choses énormes, terres, pensions, charges de confiance. Dès son avènement, il nomma Croy grand maître de son hôtel, livrant la clef de sa maison pour avoir celle de la France, hasardant presque le roi pour l’affranchissement du royaume. Quant au comte de Charolais, il lui lit faire un voyage triomphal dans les pays du centre[1], lui donna à Paris hôtel et domicile[2], lui assigna une grosse pension de trente-six mille livres ; il alla jusqu’à lui donner (de titre au moins) le gouvernement de la Normandie, et flatta sa vanité d’une lie entrée dans Rouen[3].

La grande affaire intérieure ne pouvait que mûrir lentement ; il fallait attendre. Mais il s’en présentait d’autres autour du royaume, où il semblait qu’il y eût à gagner.

La maison d’Anjou se chargeait de continuer, dans ce sage quinzième siècle, les folies héroïques du moyen âge. Le monde ne parlait que du frère et de la sœur, de Jean de Calabre et de Marguerite d’Anjou, de leurs fameux exploits, qui finissaient toujours par défaites ; la sœur traînant dans vingt batailles son pacifique opoux, dressant les échafauds au nom d’un saint, s’acharnant malgré lui a lui regagner son. Le frère en réclamait quatre ou cinq à lui seul, les royaumes de Jérusalem, de Naples, de Sicile,

  1. App. 10.
  2. L’hôtel de Nesle. (Archives, Mémoriaux de la Chambre des comptes, 111, 18 septembre 1461)
  3. App. 11.