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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 8.djvu/340

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HISTOIRE DE FRANCE

de la redoutable armée de la Vierge et de Jésus.

L’historiette d’après laquelle on aurait voulu fouetter ce saint, cet homme exemplaire, ce militaire de quarante ans, ne mérite pas qu’on en parle. Je croirais tout au contraire que, dans cette campagne ardente que rirent les étudiants pour l’honneur de la Yierge, Ignace figura honorablement et comme un des capitaines. Et, si l’on voulait supposer que ce vaillant homme, si passionné, ce chevalier de la Vierge, s’enferma dans de tels jours avec sa grammaire, restant neutre et s’abstenant, je ne le croirai jamais et dirai hardiment : Non.

La question était posée sur le pavé de Paris d’une manière redoutable. La masse était pour les images, et, sous la bannière du clergé, des Gappets, des confréries, marchait contre les protestants. Le roi ne pouvait manquer de suivre ce mouvement. Faisant la guerre pour le pape, il avait à cœur de prouver qu’il était bon catholique. Il était d’ailleurs irrité de voir compromettre l’ordre et mépriser l’autorité. L’occasion était dramatique. On était sûr qu’il voudrait paraître, figurer en public, montrer en cérémonie ce beau roi, ce pompeux acteur.

Pendant toute une semaine, il y eut des processions expiatoires ; toutes les rues étaient tendues. Procession grave et nombreuse du clergé de Paris. Procession infinie, bruyante, du noir peuple universitaire, de la Sorbonne surtout et du victorieux Béda, de ses effrénés Cappets, des quatre ordres mendiants. La procession enfin, éblouissante et splendide, du roi,