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PREMIERE GUERRE DE RELIGION 275 efforts, fit fuir L’infanterie française des catholiques, mais vit également en déroute sa propre infanterie allemande. Ils n’avaient pas deux cents chevaux ensemble, lorsque Guise, qui depuis cinq heures prenait en patience la destruction de ses amis, s’ébranla avec sa masse espagnole et ses arquebusiers des vieilles bandes. Gondé fut pris. Tout parut balayé. Cependant les frères indomptables, Coligny et Dandelot (celui-ci malade, tremblant de la fièvre, et en robe fourrée), réunissent douze cents cavaliers et, d’une furie désespérée, arrêtent court les vainqueurs. Parmi ceux-ci, le fameux Saint-André, si riche, le voleur des voleurs, est pris, disputé, et un de ses vieux serviteurs, malgré ses prières et ses offres, lui casse la tête d’un coup de pistolet. Guise n’en pleura pas, ni de la prise du connétable. En place, il avait pris Condé. Il le caressa fort, jusqu’à le faire coucher avec lui. Excellent moyen de le perdre, d’exciter la défiance contre lui, comme disaient déjà les Allemands : «Ces girouettes françaises, pour qui on se tue aujourd’hui, sont prêtes à s’embrasser demain. » Voilà Guise non seulement vainqueur, mais seul. Plus de princes, plus de Navarre, plus de Condé, plus connétable. Ce simple capitaine, qui n’avait voulu bataille que mener sa compagnie, se trouve lieutenant -«’lierai du royaume. La nuit, qui avait séparé l«’s combattants, permit à Goligny de reformer ses reîtres a deux pas. Il lui en