Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/118

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Tout cela, c’est déjà la Révolution qui commence. Tu la fais et tu la vois… Regarde, pour ta récompense, regarde ; la voilà là-bas !… Maintenant tu peux mourir ; ta ferme foi t’a valu de ne point partir d’ici-bas avant d’avoir vu la terre sainte.


VII


Quand ces deux hommes ont passé, la Révolution est faite dans la haute région des esprits.

À leurs fils maintenant, légitimes, illégitimes, de la divulguer, de la répandre en cent manières, tel en verbeuse éloquence, tel en ardente satire. Tel autre en fondra des médailles de bronze pour passer de main en main. Les Mirabeau, les Beaumarchais, les Raynal et les Mably, les Sieyès, vont faire leur œuvre.

La Révolution est en marche, toujours Rousseau, Voltaire en tête. Les rois eux-mêmes à la suite, les Frédéric, les Catherine, les Joseph, les Léopold ; c’est la cour des deux chefs du siècle… Régnez, grands hommes, vrais rois du monde, régnez, ô mes rois !…

Tous paraissent convertis, tous veulent la Révolution ; chacun, il est vrai, la veut, non pour soi, mais pour les autres. La noblesse la ferait volontiers sur le clergé, le clergé sur la noblesse.

Turgot est leur épreuve à tous ; il les appelle à dire s’ils veulent vraiment s’amender. Tous disent