Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/125

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trône, » etc. Le roi signe tristement et copie dans son livre rouge : « À Mme …, cinq cent mille livres. » — La dame porte au ministre : « Je n’ai pas d’argent, Madame. » Elle insiste, elle menace, elle peut nuire, elle a du crédit chez la reine. Le ministre finit par trouver l’argent… Il ajournera plutôt, comme Loménie, le payement des petits rentiers ; qu’ils meurent de faim, s’ils veulent ; ou bien encore, comme il fit, il prendra les charités pour l’incendie et la grêle, il ira jusqu’à voler la caisse des hôpitaux.

La France est en bonnes mains. Tout va bien. Un si bon roi, une si aimable reine… La seule difficulté, c’est qu’indépendamment des pauvres privilégiés qui sont à Versailles, il y a une autre classe, non moins noble et bien plus nombreuse, les pauvres privilégiés de province, qui n’ont rien, ne reçoivent rien, disent-ils ; ils percent l’air de leurs cris… Ceux-là, bien avant le peuple, commenceront la Révolution.

À propos, il y a un peuple. Entre ces pauvres et ces pauvres, qui tous ont de la fortune, nous avions oublié le peuple.

Ah ! le peuple, ceci regarde MM. les fermiers-généraux. Les choses sont bien changées. Jadis les financiers étaient des hommes fort durs. Aujourd’hui tous philanthropes, doux, aimables, magnifiques ; d’une main ils affament, il est vrai, mais souvent de l’autre ils nourrissent. Ils mettent des milliers d’hommes à la mendicité, et ils font des aumônes. Ils bâtissent des hôpitaux, et ils les remplissent.

« Persépolis, dit Voltaire dans un de ses contes, a