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parlements et par les notables, promis par Brienne et promis par Necker, ils devaient enfin ouvrir le 27 avril. On les ajourna encore au 4 mai… Périlleux délai ! À tant de voix qui s’élevaient une s’était jointe, hélas ! qui fut souvent entendue au dix-huitième siècle, la voix de la terre… la terre désolée, stérile, refusant la vie aux hommes !… L’hiver avait été terrible, l’été fut sec et ne donna rien, la famine commença. Les boulangers, inquiets, toujours en péril devant la foule ameutée et affamée, dénoncèrent eux-mêmes des compagnies qui accaparaient les grains. Une seule chose contenait le peuple, le faisait patiemment jeûner, attendre : l’espoir des États généraux. Vague espoir, mais qui soutenait ; la prochaine assemblée était un Messie ; il suffisait qu’elle parlât, et les pierres allaient se changer en pain.

Les élections, tant retardées, le furent encore plus à Paris. Elles ne furent convoquées qu’à la veille des États. On espérait que les députés n’assisteraient pas aux premières séances, et qu’avant leur arrivée on assurerait la séparation des trois ordres, qui donnait la majorité aux privilégiés.

Autre sujet de mécontentement, et plus grave, pour Paris. Dans cette ville, la plus éclairée du royaume, l’élection était assujettie à des conditions plus sévères. Un règlement spécial, donné après la convocation, appelait comme électeurs primaires, non pas tous les imposés, mais ceux-là seulement qui payaient six livres d’impôt.

Paris fut rempli de troupes, les rues de patrouilles,