Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/200

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1o Les réformes nécessaires, infaillibles, que la cour avait refusées si longtemps, et qu’elle acceptait par force, il les promulguait par le roi. Lui, qui savait à ses dépens que le roi était un jouet pour la reine et la cour, une simple affiche, rien de plus, il se prêtait à continuer cette triste comédie.

La liberté, le droit sacré qui existe par lui-même, il en faisait un don du roi, une charte octroyée, comme fut en 1814 la charte de l’invasion… Mais il fallait trente ans de guerre et toute l’Europe à Paris, pour que la France acceptât cette constitution du mensonge.

2o Point d’unité législative, deux chambres au moins. C’était comme un conseil timide à la France de se faire anglaise ; à quoi il y avait en effet deux avantages : de fortifier les privilégiés, prêtres et nobles, désormais concentrés en une chambre haute ; puis de faciliter au roi les moyens d’amuser le peuple, d’empêcher par la chambre haute au lieu d’empêcher lui-même, d’avoir (nous le voyons aujourd’hui) deux veto pour un.

3o Le roi permettait aux trois ordres de délibérer en commun sur les affaires générales ; mais quant aux privilèges de distinction personnelle, d’honneur, quant aux droits attachés aux fiefs, nulle discussion commune… C’était justement là ce que la France regardait comme l’affaire générale par excellence. Qui donc osait voir une affaire spéciale dans la question d’honneur ?

4o Ces États boiteux, tantôt réunis, tantôt séparés