Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/219

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Une autre difficulté, c’est que ce prince, sous tous les vices acquis, en avait un naturel, fondamental et durable, qui ne finit pas par l’épuisement, comme les autres, qui reste fidèle à son homme. Je parle de l’avarice. « Je donnerais, disait-il, l’opinion publique pour un écu de six francs. » Ce n’était pas un mot en l’air. Il l’avait bien appliqué, lorsque, malgré la clameur publique, il avait bâti le Palais-Royal.

Ses conseillers politiques n’étaient pas assez habiles pour le relever de là. Ils lui firent faire plus d’une démarche fausse et imprudente.

En 1788, le frère de Mme de Genlis, un jeune homme sans autre titre que celui d’officier de la maison d’Orléans, écrit au roi pour demander… rien autre chose que le premier ministère, la place de Necker et de Turgot ; il se fait fort de rétablir en un moment les finances de la monarchie. Le duc d’Orléans se fait porteur de l’incroyable missive, la remet au roi, l’appuie et devient l’amusement de la cour.

Les sages conseillers du prince avaient cru faire passer ainsi tout doucement le pouvoir entre ses mains. Trompés dans cette espérance, ils agirent plus ouvertement, essayèrent de faire un Guise, un Cromwell, se tournèrent du côté du peuple. Là aussi,

    enterré depuis tant d’années, tant de jours. On chercha dans les morts connus, et il se trouvait que Pascal remplissait précisément la condition exigée. On gagna les gardiens de Saint-Étienne-du-Mont, et le pauvre Pascal fut livré aux creusets du Palais-Royal. Tel est du moins le récit d’une personne qui, ayant longtemps vécu avec Mme de Genlis, tenait d’elle l’étrange anecdote.