Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Personne, je le répète, ne donna l’impulsion. Les parleurs du Palais-Royal passèrent le temps à dresser une liste de proscriptions, à juger à mort la reine, la Polignac, Artois, le prévôt Flesselles, d’autres encore. Les noms des vainqueurs de la Bastille n’offrent pas un seul des faiseurs de motions. Le Palais-Royal ne fut pas le point de départ, et ce n’est pas non plus au Palais-Royal que les vainqueurs ramenèrent les dépouilles et les prisonniers.

Encore moins les électeurs qui siégeaient à l’Hôtel de Ville eurent-ils l’idée de l’attaque. Loin de là, pour l’empêcher, pour prévenir le carnage que la Bastille pouvait faire si aisément, ils allèrent jusqu’à promettre au gouverneur que, s’il retirait ses canons, on ne l’attaquerait pas. Les électeurs ne trahissaient point, comme ils en furent accusés, mais ils n’avaient pas la foi.

Qui l’eut ? Celui qui eut aussi le dévouement, la force, pour accomplir sa foi. Qui ? Le peuple, tout le monde.

Les vieillards qui ont eu le bonheur et le malheur de voir tout ce qui s’est fait dans ce demi-siècle unique, où les siècles semblent entassés, déclarent que tout ce qui suivit de grand, de national, sous la République et l’Empire, eut cependant un caractère partiel, non unanime, que le seul 14 juillet fut le jour du peuple entier. Qu’il reste donc, ce grand jour, qu’il reste une des fêtes éternelles du genre humain, non seulement pour avoir été le premier