Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/286

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confiance. Pourquoi se serait-on rassuré ? Les troupes, malgré la promesse, ne s’éloignaient pas. Le baron de Falckenheim, qui commandait à Saint-Denis, disait qu’il n’avait pas d’ordre. On arrêta à la barrière deux de ses officiers qui étaient venus observer. Une chose non moins grave, c’est que le lieutenant de police donnait sa démission, l’intendant Berthier avait fui, et avec lui tous les préposés de l’administration des subsistances. Un jour ou deux de plus, peut-être, la Halle était sans farine, le peuple allait à l’Hôtel de Ville demander du pain et la tête des magistrats. Les électeurs envoyèrent plusieurs des leurs chercher des blés à Senlis, à Vernon, jusqu’au Havre même.

Paris attendait le roi. Il croyait que, s’il avait parlé bien franchement et de cœur, il laisserait son Versailles et ses mauvais conseillers, se jetterait dans les bras du peuple. Rien n’eût été plus habile, ni d’un plus grand effet le 15 ; il devait partir pour Paris en sortant de l’Assemblée, se confier, non de parole, mais vraiment et de sa personne, entrer hardiment dans la foule, se confondre à ce peuple armé… L’émotion, si grande encore, tournait tout entière pour lui.

Voilà ce que le peuple attendait, ce qu’il croyait et disait. Il le dit à l’Hôtel de Ville, il le répétait dans les rues. Le roi hésita, consulta, différa d’un jour, et tout fut manqué.

Où le passa-t-il, ce jour irréparable ? Le 15 au soir, le 16 au matin, il était enfermé encore avec