Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/293

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enfants en larmes qui vinrent se jeter dans ses bras… Le roi avait donc couru un bien grand danger en allant visiter son peuple ! Ce peuple, était-ce l’ennemi ?… Et qu’aurait-on fait de plus pour un roi délivré, pour Jean ou François Ier, sortant de Londres ou de Madrid ?

Le même jour, vendredi 17, comme pour protester que le roi ne faisait rien, ne disait rien à Paris que par force et par contrainte, son frère le comte d’Artois, les Condé et les Conti, les Polignac, Vaudreuil, Broglie, Lambesc et autres se sauvèrent de France. Ce ne fut pas sans difficulté. Ils trouvèrent partout l’horreur de leur nom, le peuple soulevé contre eux. Les Polignac et Vaudreuil ne purent échapper qu’en déclamant sur leur route contre Vaudreuil et Polignac.

La conspiration de la cour, aggravée de mille récits populaires, étranges et horribles, avait saisi les imaginations, les avait rendues incurablement soupçonneuses et méfiantes. Versailles, exalté au moins autant que Paris, veillait le château nuit et jour, comme le foyer des trahisons. Il semblait désert, ce palais immense. Beaucoup n’osaient plus y venir. L’aile du Nord, celle des Condé, était presque vide ; l’aile du midi, celle du comte d’Artois, les sept vastes appartements de Mme  de Polignac étaient fermés pour toujours. Plusieurs domestiques du roi auraient voulu quitter leur maître. Ils commençaient à avoir d’étranges idées sur lui.

« Pendant trois jours, dit Besenval, le roi n’eut