Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/36

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Ainsi, il lui était loisible de se laver les mains de tout. Ses amis aujourd’hui peuvent nous le montrer comme un spéculatif, un philanthrope rêveur dans les bois de Montmorency ou aux Champs-Élysées, promeneur pacifique entre Brount et Cornélia.

Il jouait un gros jeu. Dans son isolement, dans son inertie apparente, il n’en tenait pas moins un procès suspendu, et sur les grands hommes d’affaires du Comité (Carnot, Cambon, Lindet), et sur les deux cents Montagnards qui avaient eu des missions, avaient enduré tout, bravé tous les dangers, s’étaient violemment compromis. Ils voulaient que l’on constatât leur fortune avant et après, qu’on établît leur probité. Il refusa cela, se réservant de pouvoir les poursuivre un jour. Au 9 Thermidor, il les eut contre lui. C’est ce que Louis Blanc se garde bien de dire. La Montagne, aussi bien que la droite et le centre, le repoussa alors. Les plus honnêtes gens, futurs martyrs de prairial, Romme, etc., lui étaient sympathiques, mais pourtant le voyaient, par la force des choses, dictateur et tyran. À ses cris, ils se turent et ne répondirent rien. Le jugement de ces grands citoyens sera celui de l’avenir.

Les trente et un procès-verbaux des sections