Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/361

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du cœur. L’impression fut si forte, l’émotion si vive, qu’on couronna l’apôtre de la liberté d’une couronne civique. Le peuple et le peuple armé, les vainqueurs de la Bastille et la garde citoyenne, le tambour en tête, le reconduisirent à l’Hôtel de Ville ; un héraut portait la couronne devant lui.

Dernier triomphe du prêtre ou premier du citoyen ?… Ces deux caractères, ici confondus, pourront-ils se mêler ensemble ? La robe déchirée, glorifiée des balles de la Bastille, laisse voir ici le nouvel homme ; en vain voudrait-il lui-même l’étendre, cette robe, pour en couvrir le passé.

Une religion nous vient, deux s’en vont (qu’y faire ?), l’Église et la Royauté…

Féodalité, Royauté, Église, de ces trois branches du chêne antique, la première tombe au 4 août ; les deux autres branlent ; j’entends un grand vent dans les branches, elles luttent, elles tiennent fort, les feuilles jonchent la terre. Rien ne pourra résister. Périsse ce qui doit périr !…

Point de regrets, de vaines larmes. Ce qui croit mourir aujourd’hui, depuis combien de temps, bon Dieu ! il était mort, fini, stérile !

Ce qui témoigne en 1789 contre l’Église d’une manière accablante, c’est l’état d’abandon complet où elle a laissé le peuple. Elle seule, depuis deux mille ans, a eu charge de l’instruire ; voilà comme elle a fait… Les pieuses fondations du Moyen-âge, quel but avaient-elles ? Quels devoirs imposaient-elles au Clergé ? Le salut des âmes, leur amélioration