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ment, de suivre un intérêt à part, de dynastie, de famille ?

Il définit le veto une simple lettre de cachet lancée par un individu contre la volonté générale.

Une chose de bon sens fut dite par un autre député, c’est que, si l’Assemblée était divisée en deux chambres, chacune ayant un veto, on avait peu à craindre l’abus du pouvoir législatif ; par conséquent, il n’était pas nécessaire de lui opposer une nouvelle barrière en donnant le veto au roi.

Il y eut cinq cents voix pour une chambre unique ; la division en deux chambres ne put obtenir cent voix. La foule des nobles qui n’avaient pas chance d’entrer dans la chambre haute, se garda bien de créer pour les grands seigneurs une pairie à l’anglaise.

Les raisonnements des anglomanes, présentés alors avec talent par Lally, Mounier, etc., plus tard reproduits obstinément par Mme  de Staël, Benjamin Constant et tant d’autres, avaient été d’avance mis en poudre par Sieyès dans un chapitre de son livre du Tiers-état. Chose vraiment admirable ! Ce puissant logicien, par la force de son esprit, n’ayant point vu l’Angleterre, connaissant peu son histoire, avait obtenu déjà les résultats que nous donne l’étude minutieuse de son présent et de son passé[1]. Il avait vu parfaitement que cette fameuse balance des trois pouvoirs, qui, si elle était réelle, produirait l’immo-

  1. Son passé dans mon Histoire de France, où je la rencontre à chaque instant, son présent dans le beau livre de Léon Faucher. (Voir surtout la fin