Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/400

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appliquait, l’Assemblée n’en disait mot. Le 12, à l’occasion d’un projet d’arrêté où le comité de judicature demandait qu’on rendît force aux lois, conformément à une décision du 4 août, un député de Franche-Comté brise la glace et dit : « On travaille pour empêcher la promulgation de ces décrets du 4 août ; on prétend qu’ils ne paraîtront pas. Il est temps qu’on les voie munis du sceau royal… Le peuple attend… »

Ce mot fut pris vivement. L’Assemblée se réveilla. L’orateur des modérés, des royalistes constitutionnels, Malouet (chose surprenante), appuya la proposition, d’autres aussi ; malgré l’abbé Maury, on décida que les décrets du 4 août seraient présentés à la sanction du roi.

Ce mouvement subit, cette disposition agressive des modérés même, porte à croire que les membres les plus influents n’ignoraient pas ce que La Fayette, ce que l’ambassadeur d’Espagne et bien d’autres disaient dans Paris.

L’Assemblée parut le lendemain étonnée de sa vigueur. Plusieurs songèrent que la cour ne laisserait jamais le roi sanctionner les décrets du 4 août et prévirent que son refus provoquerait un mouvement terrible, un second accès de Révolution. Mirabeau, Chapelier et d’autres soutinrent que ces décrets, n’étant pas proprement des lois, mais des principes de constitution, n’avaient pas besoin de la sanction royale : la promulgation suffisait. Avis hardi et timide : hardi, on se passait du roi ; timide, on le