Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/423

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d’hommes armés, et enfin, pour arrière-garde, une compagnie des volontaires de la Bastille.

Arrivés aux Tuileries, Maillard voulait suivre le quai, les femmes voulaient passer triomphalement sous l’horloge, par le palais et le jardin. Maillard, observateur des formes, leur dit de bien remarquer que c’était la maison du roi, le jardin du roi ; les traverser sans permission, c’était insulter le roi[1]. Il s’approcha poliment du suisse et lui dit que ces dames voulaient passer seulement, sans faire le moindre dégât. Le suisse tira l’épée, courut sur Maillard, qui tira la sienne… Une portière heureusement frappe à propos d’un bâton, le suisse tombe, un homme lui met la baïonnette à la poitrine. Maillard l’arrête, désarme froidement les deux hommes, emporte la baïonnette et les épées.

La matinée avançait, la faim augmentait. À Chaillot, à Auteuil, à Sèvres, il était bien difficile d’empêcher les pauvres affamées de voler des aliments. Maillard ne le souffrit pas. La troupe n’en pouvait plus à Sèvres ; il n’y avait rien, même à acheter ; toutes les portes étaient fermées, sauf une, celle d’un malade qui était resté ; Maillard se fît donner par lui, en payant, quelques brocs de vin. Puis il désigna sept hommes et les chargea d’amener les boulangers de Sèvres avec tout ce qu’ils auraient. Il y avait huit pains en tout, trente-deux livres pour huit mille personnes… On les partagea et l’on se

  1. Déposition de Maillard, Moniteur, I, 572.