Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/427

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nous avons sur notre route arraché les cocardes noires… Je vais avoir le plaisir d’en déchirer une sous les yeux de l’Assemblée. »

À quoi l’autre ajouta gravement : « Il faudra bien que tout le monde prenne la cocarde patriotique. » Quelques murmures s’élevèrent.

« Et pourtant nous sommes tous frères ! » dit la sinistre figure.

Maillard faisait allusion à ce que la municipalité de Paris avait déclaré la veille : Que la cocarde tricolore ayant été adoptée comme signe de fraternité, elle était la seule que dût porter le citoyen.

Les femmes impatientes criaient toutes ensemble : « Du pain ! du pain ! » — Maillard commença alors à dire l’horrible situation de Paris, les convois interceptés par les autres villes ou par les aristocrates. « Ils veulent, dit-il, nous faire mourir. Un meunier a reçu deux cents livres pour ne pas moudre, avec promesse d’en donner autant par semaine. » — L’Assemblée : « Nommez ! nommez ! » — C’était dans l’Assemblée même que Grégoire avait parlé de ce bruit qui courait ; Maillard l’avait appris en route. « Nommez ! » Des femmes crièrent au hasard : « C’est l’archevêque de Paris. »

Dans ce moment où la vie de beaucoup d’hommes ne tenait qu’à un cheveu, Robespierre prit une grave initiative. Seul il appuya Maillard, dit que l’abbé Grégoire avait parlé du fait, et sans doute donnerait des renseignements[1].

  1. Tout cela défiguré, tronqué par le Moniteur. Plus tard, heureusement