Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rhin, pleurés de la guerre elle-même, de l’inflexible Vendée.

La France s’était fiée si bien à la puissance de l’idée qu’elle fit ce qu’elle pouvait pour ne pas faire de conquête. Tout peuple ayant même besoin, la Liberté, poursuivant le même droit, d’où pouvait naître la guerre ? La Révolution, qui n’était dans son principe que le triomphe du Droit, la résurrection de la Justice, la réaction tardive de l’idée contre la force brutale, pouvait-elle, sans provocation, employer la violence ?

Ce caractère profondément pacifique, bienveillant, aimant de la Révolution semble un paradoxe aujourd’hui. Tant on ignore ses origines, tant sa nature est méconnue, tant la tradition, au bout d’un temps si court, se trouve déjà obscurcie !

Les efforts violents, terribles, qu’elle fut obligée de faire, pour ne pas périr, contre le monde conjuré, une génération oublieuse les a pris pour la Révolution elle-même.

Et de cette confusion il est résulté un mal grave, profond, très difficile à guérir chez ce peuple : l’adoration de la force.

La force de résistance, l’effort désespéré pour défendre l’unité, 1793… Ils frémissent et ils se jettent à genoux.

La force d’attaque et de conquête, 1800, les Alpes abaissées, puis la foudre d’Austerlitz… Ils se prosternent, ils adorent.

Dirai-je qu’en 1815, trop faciles à louer la force, à