Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/445

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blaient les plus violents, étaient tout simplement d’une classe toujours surabondante dans l’affaiblissement de la police, des voleurs. Ceux-ci calculaient la chance d’une invasion du château. Ils n’avaient pas trouvé à la Bastille grand’chose qui fût digne d’eux. Mais ce merveilleux palais de Versailles, où les richesses de la France s’entassaient depuis plus d’un siècle, quelle ravissante perspective il ouvrait pour le pillage !

À cinq heures du matin, avant jour, une grande foule rôdait déjà autour des grilles, armée de piques, de broches et de faux. Ils n’avaient pas de fusils. Voyant des gardes du corps en sentinelle aux grilles, ils forcèrent des gardes nationaux de tirer sur eux ; ceux-ci obéirent, ayant soin de tirer trop haut.

Dans cette foule qui errait ou se tenait autour des feux qu’on avait faits sur la place se trouvait un petit bossu, l’avocat Verrières, monté sur un grand cheval ; il passait pour très violent ; dès le soir on l’attendait, disant qu’on ne ferait rien sans lui. Lecointre était là aussi qui pérorait, allait, venait. Les gens de Versailles étaient peut-être plus animés que les Parisiens, enragés de longue date contre la cour, contre les gardes du corps ; ils avaient perdu la veille l’occasion de tomber sur eux, ils la regrettaient, voulaient leur solder leur compte. Ils avaient parmi eux nombre de serruriers et forgerons de la manufacture

    de bruit que les quatre trompettes du Jugement dernier, et nous crie : « Ô morts ! levez-vous ! » (Camille Desmoulins, Révol. de France et de Brabant, III, 359.)