Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/58

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Religieuse ou politique, les deux questions ont leurs profondes racines inextricablement mêlées. Confondues dans le passé, elles apparaîtront demain ce qu’elles sont, unes et identiques.

Les disputes socialistes, les idées qu’on croit aujourd’hui nouvelles et paradoxales, se sont agitées dans le sein du Christianisme et de la Révolution. Il est peu de ces idées dans lesquelles les deux systèmes ne soient entrés bien avant. La Révolution spécialement, dans sa rapide apparition, où elle réalisa si peu, a vu, aux lueurs de la foudre, des profondeurs inconnues, des abîmes d’avenir.

Donc, malgré les développements que les théories ont pu prendre, malgré les formes nouvelles et les mots nouveaux, je ne vois encore sur la scène que deux grands faits, deux principes, deux acteurs et deux personnes, le Christianisme, la Révolution.

Celui qui va raconter la crise où le nouveau principe surgit et se fit sa place ne peut se dispenser de lui demander ce qu’il est par rapport à son aîné, en quoi il le continue, en quoi il le dépasse, le domine ou l’abolit. Grave problème que personne n’a encore envisagé face à face.

C’est un spectacle curieux de voir que tous tournent autour, et personne n’y veut regarder sérieusement. Ceux même qui croient ou qui font semblant de croire la question surannée montrent assez, en l’évitant, qu’elle est vivante, actuelle, périlleuse et formidable… Si ce puits ne vous fait pas peur, pourquoi vous reculez-vous ? pourquoi