Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/61

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par le Christ, seule base du Christianisme, est conciliable avec la Justice, de savoir si ce dogme est juste, de savoir s’il subsistera… Rien ne dure contre la Justice… La durée du Christianisme vous paraît-elle donc une question accessoire ?

Je sais bien qu’après un débat de plusieurs siècles, après qu’on eut entassé des montagnes de distinctions, de subtilités scolastiques, sans avancer rien, le pape imposa silence, jugeant, comme mon évêque, que la question pouvait être négligée, désespérant de pacifier l’affaire, et laissant, dans cette arène, la Justice et l’Injustice s’arranger comme elles pourraient.

Ceci est beaucoup plus fort que ce qu’ont jamais fait les plus grands ennemis du Christianisme. Ils lui ont, tout au moins, accordé ce respect de l’examiner, de ne pas le mettre hors de cour sans daigner l’entendre.

Nous qui ne sommes point ennemis, comment refuserions-nous l’examen et le débat ? La prudence ecclésiastique, la légèreté des politiques, leurs fins de non-recevoir, ne nous vont aucunement. Nous devons au Christianisme de voir ce qu’il peut avoir de conciliable avec la Révolution, de savoir quel rajeunissement le vieux principe peut trouver au sein du nouveau. Nous avons très sincèrement souhaité qu’il se transformât, qu’il vécût encore. Dans quel sens cette transformation s’opérerait-elle ? quel espoir en devons-nous conserver ?

Historien de la Révolution, je ne puis, sans cette