Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/175

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savait très bien ce qu’il voulait. L’Assemblée ne le savait pas. Elle accomplissait alors une œuvre faible et fausse, ce qu’on appela la Constitution civile du clergé.

Rien ne fut plus funeste à la Révolution que de s’ignorer elle-même au point de vue religieux, de ne pas savoir qu’en elle elle portait une religion.

Elle ne se connaissait point, et pas davantage le christianisme ; elle ne savait pas bien si elle lui était conforme ou contraire, si elle devait y revenir ou bien aller en avant.

Dans sa confiance facile, elle accueillit avec plaisir les sympathies que lui témoignait la masse du clergé inférieur. Elle se laissa dire, elle crut qu’elle allait réaliser les promesses de l’Évangile, qu’elle était appelée à réformer, renouveler le christianisme, et non à le remplacer. — Elle le crut, marcha en ce sens ; au second pas elle trouva les prêtres redevenus des prêtres, des ennemis de la Révolution ; l’Église lui apparut ce qu’elle était en effet, l’obstacle, le capital obstacle, bien plus que la royauté.

La Révolution avait fait deux choses pour le Clergé, donné l’existence, l’aisance aux prêtres, la liberté aux religieux. Et c’est justement là ce qui permit à l’épiscopat de les tourner contre elle ; les évêques désignèrent tout prêtre ami de la Révolution à la haine, au mépris du peuple, comme gagné, acheté, corrompu par l’intérêt temporel.

Chose étrange, ce fut pour défendre leurs monstrueuses fortunes, leurs millions, leurs palais, leurs