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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/193

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La municipalité, autrement dit la bourgeoisie catholique, fut prudente ; elle n’osa requérir le commandant de la province.

La noblesse fut prudente. Le commandant, les officiers, en général, ne voulurent rien faire que sur bonne et légale réquisition de la municipalité.

Ce n’était pas que les officiers manquassent de courage. Mais le soldat n’était pas sûr. Au premier ordre extra-légal, il pouvait répondre à coups de fusil. Pour le donner, ce premier ordre, pour faire cette dangereuse expérience, il fallait d’avance avoir sacrifié sa vie… Sacrifié à quelle idée, à quelle foi ?… La majorité de la noblesse, royaliste, aristocrate, n’en était pas moins philosophe et voltairienne, c’est à-dire, par un côté, gagnée aux idées nouvelles.

La Révolution, de plus en plus harmonique et concordante, apparaît chaque jour davantage ce qu’elle est, une religion. Et la contre-révolution, dissidente, discordante, atteste en vain la vieille foi, elle n’est pas une religion.

Nul ensemble, nul principe fixe. Sa résistance est flottante, dans plusieurs sens à la fois. Elle va comme un homme ivre, à droite et à gauche. Le roi est pour le Clergé, et il refuse d’appuyer la protestation du Clergé. Le Clergé solde, arme le peuple, et il lui demande la dîme. La Noblesse, les officiers, attendent l’ordre de Turin, et en même temps celui des autorités révolutionnaires.

Une chose leur manque à tous pour rendre leur