Chaque pièce, prise à part, est faible. Mais l’ensemble a un charme extraordinaire : la plus grande diversité (provinciale, locale, urbaine, rurale, etc.) dans la plus parfaite unité. Chaque pays accomplit ce grand acte d’unité avec son originalité spéciale. Les fédérés de Quimper se couronnent de chêne breton ; les Dauphinois de Romans (à la porte du Midi) mettent une palme dans la main de la belle fille qui mène la fête. La sérénité courageuse, l’ordre, le bon sens dans le bon cœur, brillent dans ces fédérations dauphinoises. Dans celles de la Bretagne, c’est un caractère de force, de gravité passionnée, un sérieux très près du tragique ; on sent que ce n’est pas un jeu, qu’on est là devant l’ennemi. Dans les montagnes du Jura, au pays des derniers serfs, c’est l’étonnement, le ravissement de la délivrance, de se voir exaltés de la servitude à la liberté, « plus que libres, citoyens ! Français ! supérieurs à toute l’Europe… » Ils fondent un anniversaire de la sainte nuit du 4 août.
Ce qui touche extrêmement, c’est le prodigieux effort de bonne volonté que fait ce peuple, si peu préparé, pour traduire le sentiment profond qui remplit son âme. Ceux de Navarreins, aux Pyrénées, pauvres gens, disent-ils eux-mêmes, perdus dans les montagnes, avec si peu de ressources, n’ayant pas la communauté du langage, bégayant le Français du Nord, offrent