Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/265

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de village. Ils ne pouvaient manquer de faire une constitution litigieuse, qui donne nombre de bons coups à faire… »

J’ai cherché, avec une simplicité dont j’ai honte maintenant, s’il y avait quelque doctrine. Rien qu’injure et contradiction. Il dit dans la même page : « Le gouvernement est une œuvre de sagesse humaine. » Et quelques lignes plus bas : « Il faut que l’homme soit borné par quelque chose hors de l’homme. » Quelle donc ? Un ange, un dieu, un pape ? Revenez donc alors aux merveilleux gouvernements du Moyen-âge, aux politiques de miracle.

Le plus amusant dans Burke, c’est son éloge des moines. Il ne tarit pas là-dessus. Élève de Saint-Omer, converti pour arriver, il semble se rappeler (un peu tard) ses bons maîtres les Jésuites. La protestante Angleterre a le cœur attendri pour eux, par sa haine contre nous. La Révolution a du bon, puisqu’elle rapproche et met d’accord de si anciens ennemis. M. Pitt irait à la messe. Tous ensemble, Anglais et moines, se mettent à l’unisson, dès qu’il s’agit de dire pour la France les vêpres sanglantes, et chantent au même lutrin.

Pitt avoua le livre de Burke. Il voulut créer une brèche éternelle entre les deux peuples, élargir, creuser le détroit.

La haine des Anglais pour la France avait été jusque-là un sentiment instinctif, capricieux, variable. Elle fut dès lors l’objet d’une culture systématique, qui réussit à merveille. Elle grandit, elle fleurit.