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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/284

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Décrété à l’unanimité ; nulle observation : « Tout presse, tout brûle, dit Emmery ; il y a péril dans le plus léger retard. »

Le 26, Malseigne arrive à Nancy, armé du décret. L’ordre y était rétabli ; Malseigne trouble, irrite, embrouille. Au lieu de vérifier, il commence par injurier. Au lieu de s’établir pacifiquement à l’Hôtel de Ville, il s’en va au quartier des Suisses et refuse de leur faire droit pour ce qu’ils réclamaient des chefs. « Jugez-nous », lui criaient-ils. Il veut sortir, on l’en empêche. Alors il recule trois pas, tire l’épée, blesse plusieurs hommes. L’épée casse ; il en saisit une autre et sort, sans trop se presser, à travers cette foule furieuse, qui pourtant respecte ses jours.

On avait ce qu’on voulait, une belle provocation, tout ce qui pouvait paraître une violation, un mépris des décrets de l’Assemblée. Les Suisses étaient compromis de la manière la plus terrible. Bouillé, pour leur donner lieu d’aggraver leur faute, leur fit ordonner de sortir de Nancy ; sortir, c’était se livrer, non à Bouillé seulement, mais à leurs chefs, à leurs juges, ou plutôt à leurs bourreaux ; ils savaient parfaitement les supplices effroyables que leur gardaient leurs officiers ; ils ne sortirent point de la ville.

Bouillé n’avait plus qu’à agir. Il choisit, rassembla trois mille hommes d’infanterie, quatorze cents cavaliers, tous ou presque tous Allemands. Pour donner un air un peu plus national à cette armée d’étrangers, les aides de camp de La Fayette couraient la cam-