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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/290

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La douleur des patriotes fut grande pour cet événement. Loustalot n’y résista pas. Ce jeune homme, qui, sorti à peine du barreau de Bordeaux, était devenu en deux ans le premier des journalistes, le plus populaire à coup sûr (puisque ses Révolutions de Paris se tirèrent quelquefois à deux cent mille exemplaires), Loustalot prouva qu’il était le plus sincère aussi de tous, celui qui portait le plus vivement la liberté au cœur, vivait d’elle, mourait de sa mort. Ce coup lui parut ajourner pour longtemps, pour toujours, l’espérance de la patrie. Il écrivit sa dernière feuille, pleine d’éloquence et de douleur, une douleur mâle, sans larmes, mais d’autant plus âpre, de celles auxquelles on ne survit pas. Quelques jours après le massacre, il mourut, à l’âge de vingt-huit ans.