Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/336

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haï, du premier au dernier jour, fut celui où il croyait le mieux voir la duplicité du parti, Alexandre de Lameth.

Si Lameth, Duport et Barnave avaient l’air de faire un seul pas du côté de Mirabeau, ils faisaient place à Robespierre, qui grandissait aux Jacobins. Ils étaient fort embarrassés de leur position d’avant-garde, mais ne voulaient pas la céder. Ils louvoyèrent, hésitèrent, employèrent tout ce que l’intrigue et la ruse peuvent fournir d’expédients. Cependant la marche des choses était si rapide que, si l’on voulait encore rendre force à la royauté, il fallait bien se hâter. Charles de Lameth était applaudi quand il reprochait au pouvoir exécutif « de faire le mort ». Le reproche était sincère ; les Lameth entrevoyaient que ce pouvoir, tant affaibli par eux, les emporterait avec lui, et désiraient réellement lui rendre son activité.

Il y parut dans l’affaire de Nancy. Ils votèrent, avec Mirabeau, pour Bouillé et La Fayette, contre les soldats, que la société jacobine dont ils étaient les meneurs n’avait pas peu contribué à exciter, soulever.

L’Assemblée, sous cette influence, ouvertement ou timidement rétrograde, vota, le 6 septembre, que pendant deux ans il n’y aurait pas d’assemblées primaires, que les électeurs déjà nommés par les électeurs primaires exerceraient deux ans le pouvoir électoral.

Les Lameth n’en étaient pas à se repentir d’avoir