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la situation. Question de fond, non de forme, comme on le dit trop souvent encore. Nulle amélioration sociale n’était possible, si la question politique n’était nettement posée. À tort, Robespierre et Marat, suivant en cela, il est vrai, l’idée du grand nombre, croyaient-ils pouvoir ajourner, subordonner cette question : elle ne pouvait être résolue en dernier lieu. Continuer le mouvement en traînant un tel bagage, une royauté captive, hostile, puissante encore pour le mal, faire marcher la Révolution en lui laissant au pied cette terrible épine, c’était la blesser à coup sûr, la fausser, l’estropier, probablement la tuer.

Le rédacteur orléaniste du journal des Jacobins, Laclos, ne manqua pas d’être l’avocat de la royauté. Le club même se déclara expressément pour l’institution monarchique. Le 25 janvier, un député d’une section prononçant aux Jacobins le mot de républicains, plusieurs crièrent : « Nous ne sommes pas des républicains ! » L’Assemblée invita l’orateur à ne pas laisser subsister ce mot.

Des trois fractions des Jacobins qu’on peut désigner par trois noms, Lameth, Laclos, Robespierre, les deux premières étaient décidément royalistes, la troisième nullement contraire à l’idée de royauté.

Ainsi la guerre brutale des Jacobins contre les Monarchiens, ce mépris de l’ordre et des lois, cet avant-goût de Terreur qu’on n’aurait nullement excusé chez des fanatiques, tout cela était appliqué par des politiques, par les meneurs de la majorité jacobine, qui y cherchaient un remède à leur popularité décrois-