Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/425

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de Pâques, troublaient ces femmes craintives. Le roi lui-même les engagea à partir pour Rome. Nulle loi n’y mettait obstacle. Le roi, premier magistrat, devait rester ou abdiquer ; mais ses tantes, à coup sûr, n’étaient tenues nullement. Il n’était pas bien à craindre que cette recrue de vieilles femmes fortifiât beaucoup les troupes des émigrés. Il eût été plus noble à elles, sans doute de s’obstiner à partager le sort de leur neveu, les misères et les dangers de la France. Mais enfin elles voulaient partir : il fallait les laisser aller, et elles, et tous ceux qui, préoccupés de dangers imaginaires ou réels, aimaient mieux leur sûreté et la vie que la patrie, ceux qui pouvaient abandonner la qualité de Français. Il fallait leur ouvrir les portes, et, si elles n’étaient pas assez larges, plutôt abattre les murailles.

Le peuple était très justement alarmé d’une fuite possible du roi et mêlait ces deux questions absolument différentes.

Mirabeau eut connaissance du prochain départ de Mesdames, comprit le bruit, le danger qui allaient en résulter. Il pria inutilement le roi de ne pas le permettre. Paris s’alarma, fit même prière au roi, à l’Assemblée nationale. Nouvelle alarme pour Monsieur, qui, disait-on, voulait partir, et qui donna parole de ne pas quitter son frère ; en quoi il s’engageait peu, se promettant en effet de partir avec Louis XVI.

Cette fermentation, loin d’arrêter Mesdames, hâte leur départ. L’explosion prédite ne manque pas