Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/462

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Indépendamment de ces intérêts, une influence occulte contribuait, il faut le dire, à neutraliser les Lameth.

Peu après la mort de Mirabeau, lorsque beaucoup de gens les en accusaient, un matin, de très bonne heure, Alexandre de Lameth étant encore couché, un petit homme sans apparence veut lui parler, est admis. C’était M. de Montmorin, ministre des affaires étrangères. Le ministre s’assoit près du lit et fait sa confession. Il dit du mal de Mirabeau (sûr moyen de plaire à Lameth), se reproche la mauvaise voie où il est entré, les grandes sommes qu’il a dépensées pour pénétrer les secrets des Jacobins. « Tous les soirs, dit-il, j’avais les lettres qu’ils avaient reçues des provinces, et je les lisais au roi, qui souvent admirait la sagesse de vos réponses. » La conclusion de l’entretien que Lameth oublie de donner, mais qu’on sait parfaitement, c’est que Lameth succéda, sous un rapport, à Mirabeau, qu’il devint ce qu’était déjà Barnave depuis le mois de décembre, un des conseillers secrets de la cour[1].

L’Assemblée, le 28 avril, franchit un pas redouté ; elle décida que les citoyens actifs pourraient seuls être gardes nationaux. Robespierre réclama. Duport et Barnave gardèrent le silence ; Charles de Lameth paria sur un accessoire.

La véritable pierre de touche, la mortelle épreuve, c’était la défense des clubs, attaqués solennellement

  1. Rien de plus vide, de moins instructif, de plus habilement nul que les Mémoires de Barnave sur 1791. Lameth n’y arrive pas.