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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/484

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son charnier du Nord, de boire le sang de la Pologne, d’en sucer les os ?…

Quand l’évasion fut tentée, ce fut le ministre de Russie qui se chargea de faire donner à la reine un passeport de dame russe. Catherine n’envoyait nul secours ; mais elle trouvait très bon que Gustave III, le petit roi de Suède (qu’elle venait de battre, et maintenant son ami), roi d’esprit inquiet, romanesque, aventureux, cherchât son aventure à Aix, à la porte de la France. Là, sous prétexte des eaux, il devait attendre la belle reine fuyant avec son époux, offrir son invincible épée, et, sans intérêt, enseigner au bon Louis XVI comment on refait les trônes.

L’Autriche, en possession, depuis Choiseul, depuis le mariage de Louis XVI, de l’alliance française, avait un intérêt bien plus direct à l’évasion du roi. Seulement, pour que la jalouse Prusse et la jalouse Angleterre laissassent intervenir, il fallait non seulement que Louis XVI se remit positivement à l’Autriche, mais qu’un grand parti, se déclarant pour lui, un puissant noyau royaliste se formant à l’Est, l’Autriche fût, comme malgré elle, obligée, sommée par la France. La guerre civile commencée, c’était la condition expresse que notre fidèle alliée mettait à l’intervention.

Dès octobre 1790, les conseillers de la reine, les deux hommes de l’Autriche, Mercy et Breteuil, insistèrent pour l’évasion. Breteuil envoya de Suisse un évêque avec son plan, conforme à celui que Léopold