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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/499

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théorie, il n’en avait pas moins sacrifié à la monarchie sa grande passion, sa faiblesse, la popularité. Il y avait à parier qu’au premier éclat du départ du roi, La Fayette serait mis en pièces.

Et que deviendrait le ministre Montmorin, aimable et faible caractère, crédule aux paroles du roi, qui, le 1er juin, pour répondre aux journaux, écrivait à l’Assemblée qu’il attestait « sur sa responsabilité, sur sa tête et sur son honneur », que jamais le roi n’avait songé à quitter la France ?

Qu’allait surtout, devenir l’infortuné Laporte, intendant de la maison du roi et son ami personnel, à qui, sans le consulter, il laissait en partant la charge terrible d’apporter à l’Assemblée sa protestation ?… Le premier coup de la fureur publique devait tomber sur ce malheureux, messager involontaire d’une déclaration de guerre du roi à son peuple ; Laporte infailliblement, dans cette guerre, tombait la première victime ; il en était le premier mort ; il pouvait commander sa bière et préparer son linceul.

La Fayette, averti de plusieurs côtés, voulut n’en croire que le roi même ; il l’alla trouver, lui demanda ce qui en était réellement. Louis XVI répondit si nettement, si simplement, avec une telle bonhomie, que La Fayette s’en alla complètement rassuré. Ce fut uniquement pour satisfaire l’inquiétude du public qu’il doubla les postes. Bailly poussa plus loin la chevalerie, et fort au delà de ce que lui permettait le devoir ; averti positivement par une femme de la reine, qui voyait les préparatifs, il eut la coupable