lente eut lieu le 18 (au plus tard). Dans la semaine, l’épée est tirée. Brest ayant acheté des grains pour ses approvisionnements, on paya, on poussa les paysans pour arrêter à Lannion les voitures de grains et les envoyés de Brest ; ils furent en grand danger de mort, forcés de signer un désistement honteux. À l’instant, une armée sortit de Brest et de toutes les villes à la fois. Celles qui étaient trop loin, comme Quimper, Lorient, Hennebon, offrirent de l’argent, des secours. Brest, Morlaix, Landernau, plusieurs autres, marchèrent tout entières ; sur la route, toutes les communes arrivaient en armes ; on était obligé d’en renvoyer. La merveille, c’est qu’il n’y eut nulle violence. Cet orage terrible, soulevé de toute la contrée, arriva sur la hauteur qui domine Lannion et s’arrêta net. La force héroïque de la Bretagne ne fut jamais mieux marquée ; elle fut ferme contre elle-même. On se contenta de reprendre le blé acheté ; on ne fit rien aux coupables que de les livrer aux juges, c’est-à-dire à leurs amis.
Ce qui rendait à ce moment les privilégiés si faciles à vaincre, c’est qu’ils ne s’entendaient pas. Plusieurs faisaient tout d’abord appel à la force ; mais la plupart ne désespéraient pas de résister par la loi, par la vieille légalité, peut-être la nouvelle.
Les parlements n’agissaient pas encore. Ils étaient en vacances. Ils comptaient agir, à la rentrée, en novembre.
La majorité des nobles, du haut clergé, n’agissaient pas encore. Ils avaient une espérance. Propriétaires