Eh bien, le 3 novembre, au moment où elle porte le premier coup aux États provinciaux, l’Assemblée met les parlements en vacance indéfinie. Lameth fit la proposition. Thouret rédigea le décret. « Nous les avons enterrés vifs », disait en sortant Lameth.
Toute l’ancienne magistrature avait suffisamment prouvé ce que la Révolution avait à attendre d’elle. Les tribunaux de l’Alsace, du Beaujolais, de la Corse, les prévôts de Champagne, de Provence, prenaient sur eux de choisir entre les lois et les lois ; ils connaissaient parfaitement celles qui favorisaient le roi ; ils ne connaissaient pas les autres. Le 27 octobre, les juges envoyés à Marseille par le parlement d’Aix jugeaient dans les formes anciennes, avec les procédures secrètes, tout le vieil attirail barbare, sans tenir compte du décret contraire, sanctionné le 4 octobre. Le parlement de Besançon refusait ouvertement d’enregistrer aucun décret de l’Assemblée.
Celle-ci n’avait qu’à dire un mot pour briser cette insolence. Le peuple frémissait autour de ces tribunaux rebelles. « Contre ces États et ces parlements, dit Robespierre, vous n’avez rien à faire ; les municipalités agiront assez. »
Le 5 novembre, l’Assemblée leva le bras pour frapper : « Les tribunaux qui n’enregistreront pas sous trois jours seront poursuivis comme prévaricateurs. »
Ces compagnies avaient eu, sous ce faible gouvernement qui tombait, une force considérable de résistance, et légale, et séditieuse. Le mélange bizarre