nait affamée. Tout le fort de la besogne politique se brassait souterrainement dans les comités. Barnave avoue dans ses Mémoires qu’il y vivait entièrement. Les comités de législation, de constitution, des recherches, de diplomatie, etc., allaient dans un même sens ; ils constituaient la véritable Assemblée. Là s’élaboraient les éléments de la grande et terrible discussion de l’inviolabilité royale, qu’on ne pouvait cependant étrangler à huis clos, qu’il fallait bien tout à l’heure soutenir en pleine lumière ; aussi la préparait-on avec d’autant plus de soin, on arrêtait d’avance les points convenus, on distribuait les rôles.
Ce qui faisait tort à ce bel accord, c’est que Pétion était membre du comité de législation. Il porta, le 8, aux Jacobins cette question délicate et sacro-sainte, la mania familièrement, avec une simplicité rude, distinguant l’inviolabilité politique dont le roi jouit dans les actes dont les ministres répondent et l’inviolabilité que l’on voudrait étendre à ses actes personnels. Quant aux dangers de destituer le roi et d’avoir les rois à combattre : « S’ils en ont envie, dit-il, ils y seront bien mieux disposés si le roi est rétabli, s’ils voient replacer dans la main de leur ami les forces de la France qui les auraient combattus. »
Certes, cela était clair. Cette franchise rendit force à la minorité des Jacobins qui était contre le roi. La presse fut enhardie. Brissot, jusque-là très prudent, et dont les lenteurs suspectes étaient déjà accusées de Camille Desmoulins, de Madame Roland, de