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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/135

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Fréron, l’Assemblée de l’autre, les constitutionnels, parlaient également au nom du salut public, de l’intérêt public. Tous, partis d’une même philosophie qui fonde la morale sur l’intérêt, y appuyaient leur politique. C’est le droit qu’il eût fallu prendre pour point de départ ; lui seul aurait mis de la netteté dans cette situation obscure. Le salut public fut invoqué et le sang coula ; il fut invoqué pour la royauté qui ne pouvait ni sauver les autres, ni se sauver elle-même. Les moins sanguinaires, chose bizarre, furent justement ceux qui versèrent le sang les premiers, et qui, par cette première effusion, fournirent le prétexte et l’excuse au déluge de sang qui suivit.


Le 15, jour décisif, La Fayette crut prudent de mettre environ cinq mille hommes aux abords de l’Assemblée. Pour mieux contenir la foule, il avait eu soin de mêler à la garde nationale des piques du faubourg Saint-Antoine. L’Assemblée, bien décidée à en finir ce jour-là au meilleur marché possible, eut soin d’abord de perdre une bonne partie de la séance à écouter un rapport sur les affaires militaires des départements. Elle prêta une attention médiocre aux bavardages du vieux Goupil contre Brissot et Condorcet, aux discours qui suivirent de Grégoire et de Buzot. Celui du dernier, fort court, n’en était pas moins remarquable ; il donnait précisément des raisons qui, en 1793, l’empêchèrent de juger le roi à mort : « Il s’agit d’un crime contre