nécessaire. » On arrêta que, le lendemain à onze heures, les Jacobins réunis entendraient lecture de la pétition, qu’elle serait portée au Champ de Mars, là signée de tous, puis envoyée aux sociétés affiliées, qui signeraient à leur tour.
Il est minuit, on s’écoule dans la rue Saint-Honoré. Il ne reste que les commissaires chargés de la rédaction : Danton, Laclos et Brissot. Encore Danton ne reste guère ; restent face à face Laclos et Brissot, c’est-à-dire l’orléanisme et la république. Laclos, ayant, dit-il, mal à la tête, laisse la plume à Brissot, qui la prend sans hésiter.
Dans cette pièce, vive et forte, l’habile rédacteur met en saillie les deux points de la situation : 1o le timide silence de l’Assemblée, qui n’a osé statuer sur l’individu royal ; 2o son abdication de fait (l’Assemblée en a jugé ainsi, puisqu’elle l’a suspendu et arrêté) ; enfin la nécessité de pourvoir au remplacement… — Arrivé là, Laclos, sortant de son demi-sommeil, arrête un moment la plume rapide : « La Société des Amis de la constitution signera-t-elle, si l’on ajoute un petit mot qui ne gâte rien à la chose : remplacement par tous les moyens constitutionnels ? — Ces moyens, qu’était-ce, sinon la régence, le dauphin sous un régent ? Les frères du roi étant hors de France, le régent constitutionnel était le duc d’Orléans. Ainsi Laclos trouvait moyen d’introduire implicitement son maître dans la pétition.
Soit légèreté, soit faiblesse, Brissot écrivit ce que Laclos demandait. Peut-être le hardi rédacteur n’était