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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/155

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L’Assemblée se réunissait ; la nouvelle tombe comme la foudre, arrangée, défigurée, comme on la voulait.

Un député effaré : « Deux bons citoyens ont péri… Ils recommandaient au peuple le respect des lois. On les a pendus. » (Mouvement d’horreur.)

Regnault de Saint-Jean-d’Angely : « Je demande la loi martiale… Il faut que l’Assemblée déclare ceux qui, par écrits individuels ou collectifs, porteraient le peuple à résister, criminels de lèse-nation. » — Ainsi le but était atteint, la pétition et l’assassinat étaient confondus ensemble, et tout rassemblement menacé comme réunion d’assassins.

Puis l’Assemblée, avec une liberté d’esprit étrange dans la situation, s’occupa de tout autre chose. Tout le jour elle resta là, faisant semblant d’écouter des rapports sur les finances, la marine, les troubles suscités par les prêtres, etc. Cependant elle agissait ; son président, Charles de Lameth, avec la violence impatiente de son caractère, envoyait, au nom de l’Assemblée, des messages à l’Hôtel de Ville, et stimulait la lenteur de la municipalité. Celle-ci, chargée d’exécuter, était moins impatiente ; elle prétendit ne savoir qu’à onze heures le meurtre commis entre sept et huit. Les troupes envoyées par elle arrivèrent vers midi au Gros-Caillou et prirent un des meurtriers ; il échappa, mais fut repris le lendemain avec un de ses complices.

L’Assemblée, avant midi, avait lancé son décret.