honte et l’obligea d’en sortir comme il y était venu. Cependant des soldats étaient mis aux portes ; on fermait les grilles pour empêcher d’entrer ceux qui se présenteraient : on laissait sortir les autres. Madame Roland sortit des dernières.
La rue était pleine de foule ; plusieurs riaient, huaient les sortants ; quelques autres applaudissaient. Robespierre fut reconnu, applaudi de certains groupes, honneur bien compromettant dans un pareil jour. Il descendait la rue pour gagner le faubourg Saint-Honoré et sans doute se réfugier chez Pétion, qui y demeurait, lorsque, en face de l’Assomption, quelques personnes crièrent de nouveau : « Vive Robespierre ! » On assure même qu’un homme se serait avisé de dire : « S’il faut un roi, pourquoi pas lui ?… » Il était sage évidemment de ne pas aller plus loin. Par bonheur, un menuisier, nommé Duplay, qui demeurait en face et se tenait sur sa porte, vint à lui, le saisit vivement par la main et, avec une rude bonhomie, le poussa dans sa maison. Le maître de la maison était Mme Duplay, femme très vive, énergique, qui le reçut, le caressa, l’enveloppa, comme un fils ou comme un frère, comme le meilleur des patriotes, un martyr de la liberté. L’homme, la femme, la famille, l’entourent, le voilà prisonnier ; on ferme la porte. Il ne s’en ira pas chez lui à cette heure, dans un jour pareil, au fond du Marais, dans ce quartier si désert, perdu, dangereux ; il serait assassiné. Il faut qu’il soupe, qu’il couche ; son lit est tout préparé. Le mari le veut, la femme